Plusieurs centaines d’ouvriers ont été licenciés à Mèches Amina Togo, pour fautes lourdes a annoncé dimanche 19 septembre dernier, M. Dae Hyung Lee, directeur général de cette société. Le Coréen qui était entouré de quelques uns de ses collaborateurs a regretté cette décision extrême, mais rendue inévitable par des travailleurs décidés d’agir en dehors de la loi avec un arrêt de travail avec occupation des lieux.
M. Lee explique avec amertume que ce n’est jamais une partie de plaisir pour un employeur de licencier ses agents. « Mais lorsque ceux-ci, pour obtenir satisfaction de leurs revendications dont ignore leur employeur, entrent en cessation de travail sans en respecter les préalables et principes, le tout avec le refus du dialogue et la volonté de nuire aux intérêts de l’entreprise, il vaut mieux se séparer et donner la chance à d’autres jeunes qui attendent à la porte », tranche le directeur de Mèches Amina qui, avec ses quelques 3000 salariés, est le plus gros employeur de la Zone franche togolaise.
Tout a commencé le 13 mars de cette année avec l’élection de nouveaux délégués du personnel, raconte-t-il. Après leur installation, ils ont posé un certains nombre de doléances parmi lesquelles, la réintégration de deux agents licenciés pour voie de fait au sein de l’entreprise et des ouvriers dont le contrat à durée déterminée était arrivé à terme.
Selon les nouveaux délégués, ces décisions étaient abusives et exigeaient donc leur levée. Les échanges ont nécessité l’implication de l’Inspection du Travail et les discussions ont été sanctionnées par un procès-verbal définissant les engagements de chaque partie. Malheureusement, cela n’a pas suffi à ramener la sérénité dans l’entreprise. Les délégués ayant refusé la mise en application du point relatif aux huit heures de travail supplémentaires rémunérées au taux conventionnel légal.
« Malgré les interventions des autorités compétentes en la matière, les choses n’ont pas bougé jusqu’au 6 septembre dernier où nous découvrons, surpris, la cessation du travail par une partie des agents avec présence sur le site. Cette situation a continué les jours suivants, en violation du code du travail qui interdit l’arrêt de travail avec occupation du lieu de travail et les alentours », explique M. Dae Hyung Lee. Il précise qu’entre temps, la société pour éviter le pire a fait sortir une note de service appelant sans succès à la reprise immédiate du travail.
Tentatives d’empêcher les journaliers de travailler, une faute lourde
« Après 14 jours de cessation de travail sans préavis, des tentatives d’empêcher les journaliers de faire le travail ont conduit au licenciement des grévistes pour fautes lourdes. Ce mouvement a engendré d’énorme perte financière et de marchés de plusieurs milliards de francs CFA pour l’entreprise », déplore M. Lee. Si l’arrêt de travail est l’arme suprême du travailleur pour obtenir gain de cause auprès de l’employeur, son exercice doit être encadré par la loi dont chacun est tenu de respecter les dispositions, en privilégiant toujours le dialogue, rappelle M. Lee.
Il souligne, en rappel « qu’en créant Amina Togo en 1990, l’objectif était plutôt d’aider à résorber le problème du chômage surtout celui des jeunes. Pendant trente ans, nous avons travaillé dans la paix. Nul n’est parfait. Des problèmes peuvent surgir. Mais vouloir les régler par la force et non la concertation, le non respect des règles en vigueur est tout simplement inacceptable ». Surtout qu’une telle situation fait subir à l’entreprise des pertes énormes sur le marché extérieur, allant de la perte irrévocable de certains marchés jusqu’au dédommagement à coup de milliards pour certains clients qui ont passé des commandes fermes sans recevoir leur livraisons dans les délais. Pire, cet arrêt subit, voire “sauvage” du travail pourrait entraîner des conséquences insoupçonnées pour l’image de notre cher pays. En effet, à l’heure où le gouvernement togolais travaille à aguicher de grands investisseurs à travers la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA), le PND, etc. ces types de comportements ne sont pas de nature à faire prospérer les efforts du gouvernement. Au contraire, ils créent une psychose. L’employeur, mieux, l’investisseur se pose des questions sur la sécurité de ses affaires. C’est le lieu d’appeler les syndicats et les centrales à maximiser dans la formation, la sensibilisation de leurs membres. Pour un climat des affaires, comme celui du Togo, il n’y a pas de quoi pavoiser.
Installée dans la Zone franche de Lomé, Mèches Amina fabrique des mèches de cheveux synthétiques qui sont exportées vers les pays de la sous-région, l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique. Moins de 10% de la production est commercialisée au Togo.
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