Récépissé N° 0010/HAAC/12-2020/pl/P

Changement climatique : l’adaptation se présente finalement comme la voie royale à emprunter

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Plusieurs mesures sont nécessaires pour faire face aux changements climatiques. Il y a la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la préservation des puits de carbone (forêts, océans, terre), l’adaptation et l’atténuation etc… Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) met un accent particulier sur l’adaptation. Lors d’un webinaire organisé aux lendemains de la publication de cette nouvelle alerte par des organisations de la société civile africaine dont Jeunes verts, 350Africa.org, Jeunes volontaires pour l’environnement (JVE), Enda énergie etc…, l’adaptation a été identifiée comme la voie royale pour faire face à cette crise.

Le rapport indique clairement qu’un développement résilient au changement climatique est déjà un défi au niveau actuel de réchauffement. Il sera plus limité si le réchauffement planétaire excède 1,5°C (2,7°F). Dans certaines régions, il sera impossible si le réchauffement planétaire dépasse 2°C (3,6°F). « Dans le rapport publié le 28 février 2022, les scientifiques membres du Giec nous apportent la preuve irréfutable que le réchauffement, dont nous faisons l’expérience dans un monde à +1,2 °C, a déjà des conséquences désastreuses.

Aïssatou Diouf

L’objectif de limitation des émissions en dessous de 2°C avec des efforts pour tendre à +1,5 °C au cœur de l’Accord de Paris, ne représente pas un seuil de sécurité de conditions de vie harmonieuses sur la planète », observe Christian Hounkannou, activiste et organisateur francophone à 350Africa.org, une organisation non gouvernementale environnementale internationale qui œuvre à mettre un terme à l’ère des combustibles fossiles.

Si l’on veut éviter de perdre toujours plus de vies humaines, de biodiversité et d’infrastructures, la prise accélérée de mesures ambitieuses est requise pour s’adapter au changement climatique, tout en réduisant rapidement et fortement les émissions de gaz à effet de serre. À ce jour, les progrès en matière d’adaptation sont inégaux et les écarts se creusent entre l’action engagée et ce qui est nécessaire pour faire face aux risques croissants. Ces écarts sont particulièrement prononcés au sein des populations à faible revenu.

Selon Aïssatou Diouf, membre de Enda énergie, « l’adaptation reste une priorité, notamment pour les pays en développement, et le nouveau rapport du Giec fait bien de mettre l’accent sur cet aspect. Pour continuer à s’adapter, il va falloir maintenir une trajectoire de réchauffement à 1,5°C. Malheureusement, nous n’y sommes pas du tout ». « Ce document se présente comme une compilation de la souffrance humaine. Les mesures vont moins vite que les conséquences », a renchéri Séna Alouka, directeur exécutif de l’ONG JVE, en évoquant le rapport du Giec.

Séna Alouka

Lui aussi est convaincu qu’à l’étape actuelle et au vu de l’évolution de la situation, l’adaptation est la solution. Mais il dénonce ce qu’il qualifie de « mal adaptation, fausse adaptation, mauvaises solutions ».

Même si l’on ne peut pas imputer le phénomène de l’érosion côtière que vit le Togo et d’autres pays côtiers uniquement aux changements climatiques, il relève que « la mer avale 10 m des côtes togolaises à certains endroits chaque année ». Séna Alouka poursuit en ajoutant que « le balancement des précipitations est l’une des plus fortes signatures des changements climatiques au Togo ».

« Le Sénégal mon pays expérimente déjà des épisodes de sécheresse et d’inondation. Il faut vraiment que nos pays se mettent dans une dynamique de planification de politiques efficaces d’adaptation aux changements climatiques », déclare Aïssatou Diouf.

« En restaurant les écosystèmes dégradés et en préservant efficacement et équitablement 30 à 50% des habitats terrestres, océaniques et d’eau douce, la société profitera de la capacité qu’a la nature d’absorber et de stocker le carbone et nous accéderont plus vite à un développement durable. Mais la volonté politique et un financement adéquat sont essentiels », conseille le Giec. Alors que le nouveau rapport insiste sur l’aggravation des impacts climatiques et promet un avenir sombre, le militant Christian Hounkannou de 350Africa.org rappelle que bien qu’il persiste un décalage entre les engagements pris et les actes, des marges de manœuvre existent pour inverser le cours des événements.

Christian Hounkannou

Les gouvernements, entreprises et ultra riches doivent accepter la réalité scientifique et prendre des mesures urgentes pour réduire les gaz à effets de serre. Cela signifie que les nations développées doivent non seulement tenir leurs promesses de réduire radicalement leurs émissions en commençant par la fermeture des usines à base de combustibles fossiles : gaz, pétrole et charbon ; mais aussi engager des fonds pour l’adaptation, la transition vers des énergies propres, le transfert de technologies en faveur des pays du Sud.

Aussi, la question des pertes et dommages reste très importante dans la mesure où l’Afrique est le continent le plus touché par le changement climatique, alors qu’il n’y contribue que de manière négligeable.

« Nous ne devons pas attendre de voir des conséquences climatiques plus graves, qui coûteront très cher à nos économies, à nos populations et à l’environnement. Nous appelons à une action climatique urgente et maintenant, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et l’accroissement des investissements dans les énergies renouvelables », a martelé Christian Hounkannou.

« Il faut que nous Africains parlions le langage africain. Action concertée oui, multilatéralisme d’accord, mais ne nous faisons pas d’illusions : nous ne pouvons pas mettre tous nos espoirs sur les puissances mondiales », a pour sa part averti Sena Alouka.

Les Africains doivent en effet s’unir, parler d’une seule voix et réfléchir à des solutions endogènes.

Edem Dadzie

Source : Togo Matin

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Le Nouveau Reporter
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