Récépissé N° 0010/HAAC/12-2020/pl/P

Entretien avec Adrien Béliki Akouété : le président du bureau provisoire de la CPP contre-attaque

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Dans un entretien accordé à nos confrères du journal Togo Matin, le président du bureau provisoire de la CPP, Adrien Béliki Akouété revient sur ce qui se passe au sein du parti d’Edem Kodjo. Voici l’intégralité de l’interview.

 

Togo Matin : Il est reproché des comportements anti-démocratiques au bureau de Emmanuel Akolly qui vient d’être destitué. Qu’est-ce que le parti lui reproche concrètement ?

Permettez-moi de saluer la qualité de votre journal et surtout la qualité de vos articles monsieur le directeur de publication. Avant de revenir à votre question, permettez-moi de présenter mes condoléances à la famille Missiamey dont un des fils a été un membre influent à la CPP. Nous prions que son âme repose en paix. Pour revenir à votre question, je voudrais au nom du bureau provisoire
mis en place par le Conseil national insister sur un point : C’est un bureau provisoire qui a deux missions essentielles : redynamiser les fédérations existantes et convoquer un congrès extraordinaire. Les fédérations ont fait un constat de comportements antidémocratiques sur certains points.

Oui, dites-nous….

Le 26 août 2020 et ceci conformément aux dispositions du règlement intérieur, 9 membres sur 10 ont voté pour un Conseil national. Au cours de la même réunion, sur 10 membres, 9 ont voté pour la tenue de ce Conseil le samedi 12 septembre. Le Conseil n’a pas pu se tenir pour certaines raisons saugrenues. Le 3 octobre, suite à une autre réunion présidée par le premier vice-président, une nouvelle date a été votée par les membres du bureau présents à la réunion : 10 sur 12 pour le samedi 17 octobre. Le premier vice-président, présidant la séance a demandé à la deuxième vice-présidente de signer les invitations car pour des raisons spirituelles et physiques il ne pouvait pas signer.

La deuxième vice-présidente signe alors les invitations et documents destinés au ministère de l’Administration territoriale. Tout est fin prêt. Les responsables des fédérations de l’intérieur du pays sont arrivés et installés dans les hôtels. Le vendredi 16 octobre vers 17h, un évènement incroyable, inimaginable et irresponsable de la part du premier responsable s’est produit, mettant en colère les membres du bureau et les délégués des fédérations.

Le 17 octobre, l’information est portée à la connaissance des membres du bureau et les délégués au Conseil. Voilà en quelques mots les vrais reproches antidémocratiques qui sont faits au bureau et à son président.

Sur quel principe repose la démarche qui a abouti à la destitution de ce bureau qui persiste à clamer sa légalité et sa légitimité ?

Suite à tout ce que je viens de vous dire et je ne voudrais pas aller dans tous les détails de l’incident du 16 octobre, les fédérations ont saisi le bureau à travers le responsable des fédérations, leur interlocuteur direct au sein du bureau.

Ces derniers ont demandé au bureau de convoquer le Conseil national pour discuter des problèmes qui minent le bureau exécutif qui tend à se diviser en deux groupes et trouver des solutions idoines mais hélas……

Avant d’arriver à cette décision sans appel, y-a-t-il eu des tentatives de conciliation ou de rappel à l’ordre à l’endroit dudit bureau ?

Bien sûr ! Depuis le début, des tentatives de conciliation ont eu lieu même devant des anciens, d’abord le 7 septembre, ensuite le 14 octobre sur initiative d’un membre du bureau. Cette dernière a dégénéré entre le président et la deuxième vice-présidente. Je vous invite à lire un document produit par le président en réponse au Mémorandum du secrétariat général de la CPP intitulé « Ma vérité sur le Mémorandum».

Vous verrez le ton et les mots utilisés pour traiter la deuxième vice-présidente et vous pourrez déduire ce qui a failli se produire le 14 octobre.

A présent que la destitution des membres de ce bureau est prononcée, continuent-ils d’être membres ou militants du parti ou sont-ils « excommuniés » purement et simplement ?

Le Conseil national n’a jamais excommunié ces camarades qui demeurent membres de la CPP. D’ailleurs la CPP est un parti du Grand Pardon et du Vivre ensemble. Déjà le 17 octobre lors de la réunion d’information, des délégués ont demandé des sanctions à la hauteur des comportements de certains. Mais nous privilégions la conciliation et le vivre ensemble.

De quelle durée sera le mandat du bureau qui vient de prendre les choses en main, au terme de cette crise ?

Nous venons de prendre les choses en main. Nous tiendrons une réunion du bureau provisoire ce mercredi 25 novembre. Au cours de cette réunion, un programme sera fait avec la mobilisation des ressources pour le congrès extraordinaire. Pour nous, il n’y a pas de crise. Il y a une volonté manifeste de prendre en otage le parti de deux individus par la violence verbale et même physique s’il le faut, faire peur par des menaces. N’oublions pas que ce temps où le premier responsable se croit tout permis et ayant droit de vie ou de mort sur les autres est révolu. Tous ceux qui se battent ou se sont battus pour un Etat de droit mais ayant un réflexe de dictateur en eux doivent savoir que ce temps est derrière nous.

Quelles leçons principales tirez-vous de cette situation et quelles solutions envisagez-vous pour éviter à terme la répétition de telles maldonnes?

Plusieurs leçons : tout être humain est un mystère que l’on découvre lorsqu’il fait face à des intérêts. Il peut devenir un loup ou un lion prêt à dévorer ses propres amis d’hier ; tout responsable peut ériger le mensonge en ligne de conduite pour sauver ses intérêts; enfin, personne ne peut s’imposer à la tête d’un parti politique lorsqu’il n’a pas avec lui la majorité des mandants.

Vous pouvez user de tous les subterfuges, attirer vers vous des jeunes manipulés par d’autres qui ne tiennent qu’à leur place ou qui ont des agendas cachés. Il ne faut jamais se comporter comme un mauvais perdant à l’instar de ce que nous voyons dans la plus grande démocratie au monde.

Quels seront les principaux chantiers de la CPP dans le contexte et la configuration politiques actuels au Togo ?

Comme nous le disait le président Barack Obama à qui je voudrais emprunter cette phrase : « Il faut avoir des institutions fortes au lieu d’avoir des hommes forts », nous voulons revoir tous les textes de base de la CPP afin qu’ils répondent aux exigences de l’heure sur le plan politique. Car les textes actuels répondaient à une urgence de ce moment. Il faudra aussi redynamiser les fédérations selon nos possibilités, nouer des relations avec les partis selon la feuille de route adoptée par le congrès, nouer des partenariats à l’extérieur par nos petites relations. Par-dessus tout, nous souhaitons mener des activités de formation sur plusieurs thématiques au-delà des problèmes politiques et, convoquer un congrès extraordinaire.

Source : Togo Matin

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