Récépissé N° 0010/HAAC/12-2020/pl/P

Hassane Kassi Kouyaté: « la francophonie est tout sauf un ghetto »

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Beaucoup d’innovations au cœur des francophonies de Limoges cette année. Le metteur en scène burkinabé,Hassane Kassi Kouyaté, directeur dudit festival depuis 2019 lance le festival, qui a servi de rampe de lancement pour beaucoup de grands noms de la scène africaine: <>, le thème générique.

Le festival a ouvert ces portes ce jeudi 23 septembre et ce jusqu’au 3 octobre. L’évènement est l’occasion pour le Burkinabé fils du grand Sotigui Kouyaté, l’acteur fétiche de Peter Brook, de mettre en scène Congo Jazz Band, une pièce de l’auteur algérien Mohamed Kacimi qui met en lumière les mécanismes de la colonisation en Afrique, a rapporté le confrère de lemonde.

« Je suis griot, rappelle-t-il entre deux répétitions à Bordeaux. L’histoire est très importante pour moi, si l’on veut comprendre notre présent. Or aujourd’hui, avec les nouveaux outils que nous avons, il n’y a plus que du sensationnel, qui occulte le passé. Et pourtant, avec ces smartphones qu’on consulte sans cesse à table au lieu de converser avec nos convives et avec lesquels on photographie nos plats. Je n’ai rien contre le théâtre de divertissement – j’aime me divertir. Mais aujourd’hui, il y a un besoin urgent de lutter contre l’ignorance pour mieux connaître l’autre. C’est là l’une des missions des Francophonies. Je veux en faire un lieu où l’on discute le monde autrement. » a-t-il confié au confrère.
Le confrère rappelle que le fondateur du festival de contes Yeleen, organisé par la Maison de la parole qu’il a créée à Bobo-Dioulasso pour valoriser les arts du récit et de la littérature orale, a été nommé directeur des Francophonies en 2019. Il propose cette année sa première programmation complète – la précédente était déjà largement engagée quand il a débarqué de Martinique, où il dirigeait depuis 2014 la scène nationale Tropiques Atrium, à Fort-de-France. La part belle est faite aux créations africaines, avec des spectacles venant d’une douzaine de pays du continent.

Hassane Kouyaté a ouvert le festival sur un fond de multiplicité des écrits qui proposait déjà, en plus du théâtre, de la danse et de la musique – au cirque, aux marionnettes et au cinéma. Et il a doublé la manifestation d’un temps fort, au printemps, qui valorisera l’écriture. En proposant des Zébrures d’automne consacrées essentiellement au spectacle vivant et au cinéma et des Zébrures du printemps au travail d’écriture, Hassane Kouyaté entend faire des Francophonies un lieu de découverte et de création en renforçant notamment les résidences d’écriture et un centre de réflexion et de formation.

Pour l’artiste, la francophonie est tout sauf un ghetto, comme on veut parfois le faire croire. Elle est riche, variée et elle a besoin d’une expertise spécifique. La francophonie libanaise n’est pas celle de Pondichéry ni celle du Mali. On ne peut les aborder sans connaître la géopolitique, l’histoire, la culture des territoires et l’histoire de la création au sein de ces territoires.

Le confrère précise que le festival limougeaud a joué un rôle important pour la reconnaissance internationale de nombreux artistes africains comme Dieudonné Niangouna, Koffi Kwahulé ou Souleymane Koly. Sans oublier Sony Labou Tansi, auteur de La Vie et demie en 1979, dont le fonds d’archives est conservé à la bibliothèque francophone multimédia de la ville. Selon Hassane Kouyaté, « la très grande majorité des artistes africains francophones programmés en France sont venus des Francophonies ou du Tarmac [à Paris], qui a été fermé en 2019. Dans ce contexte, notre rôle est crucial. »

Les prochaines éditions seront consacrées successivement à l’Asie et au Moyen-Orient, aux Outre-Mers et, en 2023, au Canada francophone, à la Wallonie et à la Suisse romande.

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Le Nouveau Reporter
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