Récépissé N° 0010/HAAC/12-2020/pl/P

Interview avec Ama Thoutchoui Kangnivi, défenseur togolais évoluant au FC Nouadhiou « J’ai eu le sentiment d’abandonner mes camarades… »

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Après avoir disputé la double confrontation entre les Eperviers du Togo et les Pharaons d’Egypte en éliminatoires de la CAN 2021, le défenseur central togolais, Ama Tchoutchoui Kangnivi, n’a pas tardé à trouver preneur. De Gbohloe-Su d’Aného (Togo) au FC Nouadhiou (Mauritanie) actuellement, l’axial Ama Tchoutchoui Kangnivi a quitté ses coéquipiers de l’équipe nationale locale togolaise qui affrontent aujourd’hui 18 janvier, le Maroc, dans le cadre du CHAN 2020. Un peu plus d’un mois après avoir rejoint le championnat mauritanien, l’international togolais Ama Thoutchoui, un des grands acteurs de la qualification historique du Togo au CHAN, a accepté de s’expliquer sur son choix et son avenir.

Ama Tchoutchoui Kangnivi, après avoir bouclé un peu plus d’un mois au sein du club du F.C Nouadhibou, pensez-vous avoir fait le meilleur choix pour votre carrière ?

Ama Tchoutchoui Kangnivi : Tout d’abord je voudrais profiter de l’occasion que vous m’offrez pour remercier les dirigeants du FC Nouadhibou, principalement le président du club, pour m’avoir donné cette opportunité d’évoluer dans un club aussi structuré. J’ai été surpris à mon arrivée ici par l’organisation, qui me rappelle ce que je vis avec la sélection nationale du Togo. Tout est parfaitement agencé pour nous permettre de nous concentrer uniquement que sur le terrain.

J’étais loin d’imaginer une telle qualité en venant en Mauritanie. Ensuite, mes remerciements vont au coach Amir Abdou (Ndlr : également Sélectionneur national des Comores). Si je suis aujourd’hui ici, c’est grâce à la confiance qu’il m’a faite. Pourtant il ne m’a vu qu’une fois lors de la rencontre amicale en Tunisie contre le Soudan. Il a cru en mon potentiel et a décidé de travailler avec moi et me faire progresser.

Quel est votre avis sur le championnat mauritanien?

Je découvre un championnat d’un niveau assez élevé. Je découvre également ce qu’est le professionnalisme à tout point de vue. Que ce soit en termes de quantité de séances d’entraînements, que des exigences des dirigeants vis-à-vis de nous au plan de nos performances individuelles et collectives. Après plus d’un mois, je pense que c’est parfaitement ce qu’il me fallait pour progresser et ensuite, envisager d’aller plus loin et plus haut. Désormais, la réalisation de mes rêves ne dépendra que de moi-même. J’en profite également pour saluer le sens de professionnalisme de mon conseiller Monsieur Hermann De Souza. Au départ, je n’étais pas très convaincu de ce plan de carrière qu’il m’a conseillé, mais il a insisté et me voilà.

Qu’est-ce qui vous a décidé à opter pour ce club qui est pourtant très peu connu au Togo ?

Comme je venais de le dire, ce sont les conseils de mon agent, mais également la confiance que m’a exprimée le coach Amir Abdou. Il m’a montré qu’il me voulait vraiment. Il y a aussi le fait que le club était qualifié pour la ligue africaine des clubs champions. J’ai estimé que c’est une vitrine et une compétition qui pouvait me permettre de progresser sur le plan de l’expérience. Il y a enfin l’ouverture qu’offre pour les joueurs, la Ligue des clubs du Golfe à laquelle participe le club champion de la Mauritanie. J’ai aussi été séduit par les infrastructures du club. Je suis un peu déçu par contre par les conditions dans lesquelles nous avons été éliminés de la ligue africaine des champions, mais cela n’enlève rien à mes motivations en venant à Nouadhibou.

Vous êtes parti alors que vos camarades avec lesquels vous avez arraché la première qualification pour le CHAN entamaient les préparatifs. Cela n’a sûrement pas été facile comme décision…

Ma décision de partir à l’extérieur était prise il y a longtemps. Après le tournoi des nations de l’Ufoa B Sénégal 2019, à l’issue duquel je figurais parmi l’équipe type de la compétition, j’ai eu plusieurs propositions dont une bonne offre d’un club de l’Afrique du Sud. Mais mes conseillers m’ont convaincu de rester pour finir la saison avec Gbohloe-Su pour ne pas décevoir le président qui investissait beaucoup pour la réussite du club, et aussi, pour aider le pays dans les éliminatoires du CHAN 2020 face au Nigéria. J’ai accepté et nous avons réussi à éliminer le Nigéria. Malheureusement, la survenue de la Covid-19 a bouleversé les calendriers. Mon compère en défense centrale Agbozo Klusseh est parti en Tunisie. J’ai alors décidé de saisir aussi ma chance pour moffrir de meilleures perspectives.

Comment ont-ils alors réagi les dirigeants par rapport à ta décision de partir avant le CHAN ?

Je dois l’avouer, c’est avec un pincement au cœur que j’ai quitté. Nous avons arraché de haute lutte la qualification face au Nigéria. J’ai eu le sentiment d’abandonner mes camarades, mais je n’avais pas le choix, il me fallait aller faire une expérience à l’extérieur. Je saisis l’occasion pour dire à mes camarades de la sélection nationale A’, qu’ils peuvent réussir quelque chose d’énorme au Cameroun. Ils en sont capables, il leur faut y croire. Garder les valeurs de solidarité, de détermination et de la discipline qui nous ont permis de réussir cet exploit. J’en profite pour saluer le professionnalisme du staff technique de la sélection nationale locale et dire merci à Agassa Kossi pour ses conseils.

J’ai aussi une pensée particulière pour le sélectionneur national Claude Le Roy. C’est grâce à lui que je suis arrivé là. C’est en 2018 à la veille d’un match important en éliminatoires de la CAN 2019 contre l’Algérie, qu’il ma découvert lors dun match du championnat qu’il est venu voir à Aného. Il m’a appelé pour le stage et j’ai pour la première fois côtoyé de grands joueurs comme Emmanuel Adébayor, Djene Dakonam, Ihlas Bebou et autres Fodoh Laba. Après, je m’étais blessé pendant longtemps. Et bien qu’il ne me convoquait plus en sélection, il (Ndlr : Claude Le Roy) prenait de mes nouvelles et a demandé au staff médical de la sélection nationale de s’occuper de moi.

Lors du récent stage en Tunisie, il nous (Ndlr : Certains joueurs locaux) avait fait appel, plus dans l’optique des préparatifs du CHAN, j’imagine. Mais Simon Gbégnon qui devrait jouer comme titulaire a senti un mal lors de la dernière séance avant le match et le coach m’a fait confiance. J’ai joué la rencontre amicale contre le Soudan, qui a permis au coach Amir Abdou de me voir, puis j’ai joué la double confrontation contre l’Égypte. Je suis très reconnaissant à Claude Le Roy. Il s’était même opposé à mon départ pour la Mauritanie. Il voulait que j’aide d’abord l’équipe pour le CHAN au Cameroun, avant d’aller voir ailleurs. Le président de la FTF aussi avait la même position à mon égard, mais j’ai décidé de partir. Je ferai tout pour honorer leur confiance à ma modeste personne.

Comment voyez-vous la suite de votre carrière ?

Tout le monde s’accorde à reconnaître que j’ai un énorme potentiel. J’en suis flatté surtout que cela vient aussi de l’ancien international défenseur togolais Serge Akakpo. J’ai aujourdhui la chance d’avoir au quotidien un encadrement très qualifié. Dans un premier temps, je vais aider mon club à atteindre ses objectifs. J’ai un contrat de deux ans. Mais comme vous le savez, dans le football cela va parfois très vite dans un sens comme dans lautre. Pour ce qui me concerne, j’espère me retrouver dans un championnat des 5 majeurs en Europe ou dans un pays du Golfe, après le FC Nouadhibou.

Revenir en sélection nationale doit aussi être pour vous un challenge ?

Vous pouvez jouer dans n’importe quel championnat, mais la Sélection nationale c’est autre chose. Nous sommes éliminés pour la CAN 2021 à lissue des matchs contre l’Égypte. Mais nous avons montré que l’équipe se consolide et il ne nous reste pas beaucoup pour nous imposer sur le continent. Je veux continuer cette expérience en équipe nationale, défendre les couleurs de mon pays.

En mars, nous devons jouer contre les Comores puis le Kenya. Ce sont des matchs qui vont nous permettre de nous organiser pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2022. Je désire être de cette aventure. La concurrence sera rude, mais cela dépendra de mes performances avec mon club. J’ai une pensée pour tous les entraîneurs chez qui je suis passé comme footballeur. Un coucou particulier aux supporters de Gbohloe-Su des Lacs.

Source : Togo Matin

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