Récépissé N° 0010/HAAC/12-2020/pl/P

L’artiste plasticien Assamagan : du papier au textile

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Par Adama AYIKOUE, Gestionnaire de Patrimoine culturel

Les matériaux qu’utilise un artiste plasticien pour composer la texture d’une œuvre sont aussi importants que sa technique. Ces matières premières constituent pour la plupart sa marque identitaire sur toute la ligne. C’est ainsi que Sokey Edorh par exemple a dompté la latérite ; Kossi Assou, la peau de bête ; Eric Wonanu, les plaquettes des circuits électroniques ; Gustave Djonda, le métal de fer rouillé, Essiomle Ethie, le sable, voire le papier hygiénique. Le papier était également à la genèse de l’art du Togolais Real Artist ASSAMAGAN.

Il s’agit des « atomes de papiers », selon l’expression même de l’artiste. C’est à travers cet assemblage de papiers collés que Assamagan s’est imposé sur la scène artistique depuis les années 2000. Son empreinte dans le monde de l’art contemporain africain est clairement identifiable grâce à la puissance et à l’énergie que dégagent ses œuvres. Actuellement en exposition à l’hôtel Onomo de Lomé, il offre à voir au public trente (30) de ses chefs-d’œuvre.

L’exposition intitulée « Les diagrammes de vérité » est une organisation de l’Institut Français du Togo, et, qui court du 23 janvier au 29 février 2020. Ici aux toiles classiques en atomes de papier caractéristiques de l’artiste (la série des « Bal des livres » ; la série des « Puzzles » ; celle de « L’enquête » ; « A table » ; « Au club » ; « Dans les yeux » ; « La vision » ; « Le pionnier » ; « Le rire » ; « Le tablier vert » ; « Le village ancestral » ; « les Amis » ; « Les étoiles » et « Tête rouge ») sont venus s’ajouter brillamment de nouvelles œuvres exécutées en textile découpé cette fois-ci. Il s’agit de la technique intitulée « les tissus vivants » à base de textiles en jean. Ce sont la série de « La toile du Prof » ; la série des « Colonies » ; celle des « Trouvailles » ; « Le voile » ; « Le Big Bang » et « La couronne du soleil ».

De parents couturiers, (le père, maître couturier et la mère couturière) Assamagan, la quarantaine, exploite cet héritage en art en innovant à travers le textile dont il fait des découpages et des collages sur fond d’esthétique artistique. L’artiste découpe et assemble de façon étonnante ses morceaux de tissus de couleurs variées selon de différentes formes géométriques. Il maîtrise ainsi l’art de rapprochement et de mise en harmonie de ses matériaux ordinaires. Ce sont des créations qui doivent exiger beaucoup de travail, de minutie, de temps, de patience et de maîtrise de l’art de la couture sur toute la ligne. Par endroits, il a apposé sur la surface de quelques toiles des inscriptions qui s’apparentent à des idéogrammes ou des formules mathématiques. Cette valorisation artistique du tissu jean donne un supplément d’âme à sa carrière et le fait rentrer dans l’histoire de la création innovante.

La texture esthétique des « tissus vivants » ainsi reconstituée par notre couturier artistique n’a pratiquement plus besoin d’encadrement. Les toiles se tenant bien droites toutes seules ont juste besoin d’être bien accrochées selon les règles de l’art pour la délectation de l’admirateur.

Imprimerie et industrie textile constituent les maillons essentiels de notre monde contemporain en proie à la globalisation et à la mondialisation. Assamagan en profite pour nourrir de façon significative son imaginaire artistique avec beaucoup de talent et de doigté. Le traitement singulier que l’artiste réalise à base du papier et du tissu jean fait de lui un artiste densément universel. Ses réflexions sont résolument tournées vers le futur avec portes et fenêtres ouvertes à l’espoir d’une réussite mille fois souhaitée.

Le Nouveau Reporter
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