Récépissé N° 0010/HAAC/12-2020/pl/P

Les agriculteurs camerounais épicent leur vie avec la production de poivre (REPORTAGE)

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Jean Claude Tazune, agriculteur à Penja, une localité de la région camerounaise du Littoral, a pointé du doigt avec satisfaction les sacs de poivre qu’il venait de récolter et qu’il prévoyait d’approvisionner aux supermarchés dans le centre commercial de Douala.

   A l’aube, le soleil brillait sur sa poivrière de quatre hectares située au pied d’une majestueuse montagne. Lorsque Xinhua est venu, les travailleurs étaient occupés à récolter du poivre.

   Le père de 12 enfants est l’un des plus de 400 agriculteurs qui ont fait fortune en cultivant du poivre dans cette région.

   “Le poivre, c’est ma vie. C’est la saison du poivre à Penja et pour nous, c’est comme la Coupe du monde”, a indiqué ce cultivateur de 54 ans.

   Comme de nombreux autres agriculteurs de cette zone semi-urbanisée, M. Tazune cultivait du café et du cacao, mais de fortes pluies, de graves sécheresses et des chutes de prix l’ont gravement touché ainsi que les cultures de rente.

   Ensuite, des techniciens agricoles sont arrivés dans la zone et ont trouvé la terre propice à la culture du poivre. Située dans les collines et les ravins du département de Moungo, Penja bénéficie d’un climat frais et montagneux et d’un sol volcanique favorable à la culture.

   Aujourd’hui, la région est connue pour la production de poivre blanc et noir, affectueusement appelé poivre de Penja.

   En 2013, le poivre de Penja est devenu le premier produit d’Afrique subsaharienne à obtenir le label d’indication géographique protégée (IGP) africaine de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle. Cela permet à ses producteurs de le vendre à des prix compétitifs.

   La zone de production de poivre de Penja, qui comprend les localités de Loum, Manjo, Mbanga, Njombé-Penja et Tombel, s’étend sur les deux régions camerounaises du Littoral et du Sud-Ouest.

   Selon le ministère camerounais du Commerce, environ 60% des produits sont consommés localement et dans les pays voisins, alors que 40% sont exportés vers les marchés européens.

   M. Tazune a expliqué que le prix encourageant le motivait à travailler encore plus dur.

   “En entrant dans le poivre, le kilogramme était à 12.000 francs CFA (environ 20 dollars). Nous avons vu que ça payait beaucoup, c’est ça qui nous a encouragé à entrer dedans”, a rappelé le propriétaire de poivrière.

   “On te donne 6 millions de francs CFA (quelque 9.939 dollars) pour une tonne, tu essaies d’élever ta famille avec”, a-t-il ajouté.

   Richard Medjiotou Mieghu, âgé de 50 ans et qui possède une poivrière de 1,5 hectare, a souligné que Penja avait établi la culture du poivre comme une industrie leader pour aider les agriculteurs à augmenter leurs revenus ainsi que pour promouvoir la réduction de la pauvreté et la revitalisation rurale.

   Sa famille bénéficie de la culture du poivre depuis 2015. En moins d’une décennie, cette famille est sortie de la pauvreté et dispose maintenant d’une maison équipée d’appareils électroménagers modernes.

   “Hier j’habitais une maison en bois (où vivent normalement les populations défavorisées du Cameroun), aujourd’hui j’habite un duplex (…) Je me déplace avec mon propre véhicule, j’ai deux enfants à l’université qu’ils fréquentent sans soucis, même à la maison l’alimentation est bonne”, a raconté le père de 10 enfants.

   Selon la Coopérative du poivre de Penja, ce sont 300 à 500 tonnes de poivre au total qui sont produites localement chaque année.

   M. Mieghu estime que plus il y a de production, plus il y a d’emplois pour les jeunes.

   Rien que dans la plantation de M. Tazune, 35 employés sont occupés au travail, dont des femmes, des hommes et des enfants (l’âge légal pour travailler est de 14 ans).

   Parmi eux, Noella Dion, une coiffeuse professionnelle qui espère gagner de l’argent pour ouvrir un salon en travaillant dans la poivrière.

   “D’abord ça me permet de nourrir ma famille, je fais mes petites tontines, je fais les choses à la maison, ça m’aide beaucoup”, a confié la jeune femme de 24 ans.

   “A Njombé-Penja, le taux de banditisme était très élevé. Ainsi, lorsque nous créons des plantations comme celle-ci, nous embauchons des gens pour qu’ils ne se retrouvent pas dans des atrocités”, a insisté Gabel, un superviseur de la ferme âgé de 35 ans. Il a précisé que les travailleurs gagnaient entre 5.000 et 10.000 francs CFA (8 à 16 dollars) par jour en fonction de la production de leur travail.

   Le Cameroun cherche à accroître ses exportations de poivre de Penja et à diversifier ses exportations agricoles vers des marchés de niche aux niveaux régional et international. Pour ce faire, il doit être en mesure d’aider les agriculteurs à garantir des produits de haute qualité en leur fournissant les pesticides dont ils ont cruellement besoin, a martelé M. Mieghu. Fin

Xinhua

Le Nouveau Reporter
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