Récépissé N° 0010/HAAC/12-2020/pl/P

Réutilisation des déchets : à Utrader, on veut pousser les jeunes et femmes à la créativité

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Situé à 30 km au Nord-Est de Lomé, le long de la nationale n°1 (route Lomé-Cinkassé), dans la préfecture du Zio (Tsévié), le canton de Davié accueille Utrader, une entreprise de recyclage de déchets créée par madame Ige Olatokunbo, ancienne fonctionnaire onusienne. L’objectif poursuivi en mettant en place une telle entreprise est d’innover dans le secteur du recyclage au Togo, apporter des solutions pour la résolution de la pollution par les déchets (surtout plastiques), et en même temps amener les jeunes et les femmes à faire preuve de créativité.

À Utrader, l’on donne une seconde vie aux déchets comme les pneus, les sachets de pur water, les bouteilles en plastiques, les chaises en plastiques…, bref tout ce qui est en plastiques, les déchets de pagne (les tissus), les tonneaux. C’est un véritable travail d’artistes qui y est fait. De telles initiatives doivent prendre de l’ampleur, parce que quand on observe le spectacle de déchets plastiques, de pneus usés, de pagnes etc… qui jonchent nos rues, nos espaces publics et finalement qui se retrouvent dans les océans, On ne peut pas rester indifférent. Actuellement l’on estime que 200 millions de tonnes de plastiques sont dans les océans. Et pourtant, l’on pourrait en faire un usage plus honorable !

Ige Olatokunbo

« Pour nous à Utrader, les déchets sont des matières premières, à valoriser. Tout ce que nous utilisons ici pour travailler sont des choses qui, jetés dans la nature, peuvent causer des dégâts, constituer des dangers pour l’être humain. Or, il y a beaucoup de richesse dans ce que les gens considèrent comme déchet. Le fait que nous arrivons à les collecter et les à réutiliser, cela a de l’importance pour nous. Quand les plastiques se retrouvent dans les océans, c’est plus compliqué à récupérer », affirme madame Ige Olatokunbo.

« Nous faisons la valorisation, la transformation. Ma partition est de contribuer à l’assainissement, à la création d’emplois, tout en faisant le transfert de connaissances », nous a confié la patronne de Utrader.  Récemment, lors de la cinquième Assemblée des Nations unies pour l’environnement tenu à Nairobi au Kenya, il y a eu un accord historique visant à favoriser une meilleure gestion des déchets plastiques sur la planète. « C’est une bonne chose. À travers ce type d’accords, il y a une contrainte morale. Cela va aider les pays à prendre la chose plus au sérieux. On ne peut pas éviter l’existence du plastique. Mais, les conditions de production, de distribution, doivent être contrôlées. L’on doit encourager la réutilisation », fait remarquer madame Olatokunbo.

Bikaza Rose

« Nous voulons pousser les jeunes et les femmes à s’investir dans le domaine du recyclage, à développer leur créativité, les aider à penser, à innover, à transformer. Ainsi, ils créeront des emplois pour eux même, sortiront de la pauvreté », nous a-t-elle révélé. C’est ainsi qu’est née l’idée de mettre en place une académie des recycleurs. Utrader vient de terminer la première phase qui consiste à former les formateurs qui iront ensuite sur le terrain initier d’autres personnes.

« L’idée d’académie est venue parce que je réfléchis beaucoup aux répercussions des opportunités que nous offrons à ces jeunes. Une des jeunes qui vit à Kpalimé, a témoigné que les gens se moquaient d’elle parce qu’elle allait chercher les déchets dans la nature. Mais au final, tout le monde s’est rendu compte qu’on peut faire beaucoup de choses avec ces déchets. À travers cette académie, nous voulons aider le gouvernement à créer un corps de métiers spécifiquement dédiés au secteur du recyclage, tout en puisant dans les ressources humaines existantes », a ajouté l’ancienne onusienne.

Tagoi Feysal

Eco-village de Davié : Y-avait-il un meilleur cadre pour une académie des recycleurs ?

Pouvait-on trouver meilleur endroit pour organiser une académie des recycleurs ? Une activité d’écologie qui se tient dans un lieu écologique ne peut qu’inspirer. Il n’y a pas très longtemps, madame Ige Olatokumbo a eu l’ingénieuse idée de créer un écovillage à Davié, et c’est là que se trouve le siège d’Utrader. C’est aussi là-bas que s’est déroulé l’académie des recycleurs il y a quelques jours. Les participants venus de différentes localités du Togo témoignent avoir subi une transformation.

« J’entendais parler de recyclage et je me demandais ce que c’est. J’ai eu la chance d’avoir été recruté par l’équipe de madame Ige et cela m’a permis de le découvrir. Quand on regarde autour de nous, l’environnement est pollué et nous ne faisons rien. J’ai appris que le recyclage permet de transformer le négatif en positif. Nous avons appris que tout ce qui est déchet est réutilisable et nous avons appris à fabriquer beaucoup de choses. Je compte inculquer ce que j’ai appris à mes amis, et voir comment créer une collecte afin de mettre en place avec le temps une entreprise de recyclage », a témoigné Bikaza Rose, étudiante à l’Université de Kara (Nord du Togo).

Pneus recyclés par Utrader pour s’asseoir

« Nous devons prendre conscience qu’il faut agir maintenant face à la pollution plastique. Dès que j’ai appris qu’il y aura une formation dans le domaine du recyclage, je n’ai pas hésité un seul instant. Cette formation nous permet de développer des stratégies pour amener les gens à comprendre et à s’approprier cette lutte. Je voudrais entreprendre dans le domaine des déchets en utilisant les connaissances acquises ici », a pour sa part déclaré Tagoi Feysal, entrepreneur agricole venu de la préfecture de Blitta (Centre du Togo). Il n’y a donc plus de doute sur le fait que le secteur des déchets est une « mine d’or ».

Chaussures fabriquées à base de sachets de pur water à Utrader

Il revient maintenant aux « orpailleurs » de se mettre au travail, puisqu’il n’est pas du tout facile de trouver de l’or. Mais, à force de chercher, celui qui trouve même une petite quantité peut devenir très riche.

Edem Dadzie

Source : Togo Matin

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Le Nouveau Reporter
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