Récépissé N° 0010/HAAC/12-2020/pl/P

Festilarts 6/ Une magie ordinaire : entre spleen, colère et brutalités

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Invité d’honneur de la sixième édition du festival international des lettres et des arts (Festilarts), Kossi  Efoui a présenté  au public le jeudi 22 juin 2023 son nouveau roman Une magie ordinaire au cours d’une séance de dédicace à l’université de Lomé. Espèce de mémoire du romancier, le roman témoigne de certains moments pénibles de la vie de l’écrivain et de celle de sa famille.

Entre 1989 et 2023, Kossi Efoui fait remarquer qu’il a écrit et publié des textes en évitant d’évoquer directement l’histoire personnelle et familiale à cause de son contenu tragique et traumatisant.  Il confiait ainsi à Pascal Paradou sur Radio Fran,ce Internationale, en mars dernier, avoir réussi durant toutes ses années « à affronter le fantôme par des chemins détournés », mais souligne aujoçurd’hui son choix de le faire de front. Dans ce roman donc, il s’est résolu à remuer le couteau dans la plaie, à réveiller les fantômes qui dorment et ainsi à raconter ce qu’il a vécu, ce qu’était la vie de sa famille, une vie si modeste que la survie quotidienne relevait de la magie, « une magie ordinaire », vu la constance et la permanence des difficultés. Pourquoi maintenant donc ? « Certaines blessures, certaines plaies mettent du temps ç se cicatriser. Je ne pouvais pas évoquer de front ces faits parce que durant ces années j’étais encore rempli de colère et de douleurs. Aujourd’hui, les lignes ont bougé »,a indiqué l’écrivain.

Au commencement était la violence : en 1989 et 1990, l’écrivain raconte avoir été arrêté et torturé. Son salut est venu de son prix RFI Théâtre qui lui a permis de quitter le pays et d’aller s’installer en France. Il y a à la fin encore la violence : la mère est abusée par des militaires et elle en mourra plus tard. Ces deux faits constituent les bornes de l’intrigue du roman. Fait nouveau également : le roman nomme clairement le Togo pour la première fois. Jusque-là, c’est à travers des montagnes, des rues, des fleuves et l’océan atlantique que le Togo, son pays, est évoqué dans ses oeuvres. L’écrivain s’indigne de la situation des libertés et du niveau de vie des populations d’où « le Togo est un pays sans pays ». Selon lui, cette phrase du roman signale la déception et le dépit de constater que le Togo peine à être un pays normal, un pays qui ferait rêver ses citoyens.

Une magie ordinaire est dès lors  un rituel d’exorcisme par lequel l’écrivain a voulu affronter le fantôme et le vaincre définitivement. Entre les brutalités, la colère et le spleen qui s’en dégagent, le roman souligne combien l’oppression peut déterminer négativement le regard et la perspective d’un individu. Comme la prédiction de la mère de l’auteur (un visage tutélaire qui irradie tout le roman): « Tu écriras sur le mensonge », Une magie ordinaire met en exergue les mensonges qui peuplent la gouvernance politique des états liberticides. Dans cet univers cruel et traumatisant, il y a heureusement l’écriture. Pour Kossi Efoui, ce fut à la fois un refuge et un antidote. « Ecrire, c’est affronter les difficultés de dire », avait-il expliqué au micro de Pascal Paradou sur RFI.

Publié aux éditions du Seuil en mars 2023, Une magie ordinaire définit un nouveau tournant dans l’œuvre de Kossi Efoui. Il met en relief les rapports conflictuels de l’écrivain à sa terre d’origine, son attachement passionnel à la mère qui apparaît indubitablement comme la principale égérie des différentes œuvres de Kossi Efoui.

Avant Une magie ordinaire, Kossi Efoui a publié d’autres romans et pièces de théâtre. Le Carrefour, La Récupération, Io, La Polka, La fabrique de cérémonies, Cantique de l’acacia en sont quelques-unes. Modérée par Togoata Apedo-Amah, la dédicace est l’un des grands rendez-vous du festival qui a démarré depuis le 17 juin. Organisé par l’association Nimble and Feathers animée par des enseignants de la faculté des lettres, langues et arts de l’Université de Lomé, il va se clore le samedi 24 juin avec la proclamation du vainqueur du Prix Littéraire Komlan Messan Nubukpo qui a pris en compte cette année le genre théâtral.

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