Adam et Awa Drabo proposent des protections hygiéniques lavables et réutilisables, une alternative aux serviettes jetables qui restent souvent inaccessibles.
Au Mali, la précarité menstruelle reste l’une des principales causes de décrochage scolaire et d’exclusion sociale, favorisant le manque ou la perte d’opportunités professionnelles. Pour résoudre cette problématique, les sœurs Adam et Awa Drabo ont créé, il y a quelques années, « Sutura », la première marque de serviettes hygiéniques lavables et réutilisables, destinées aux femmes ayant des revenus modestes. Fabriquées localement, ces protections se veulent être une alternative aux serviettes jetables qui demeurent souvent un luxe inaccessible pour certaines femmes.
Ayant effectué leurs études à l’université Paris-Sorbonne, les sœurs Drabo choisissent de rentrer au Mali en 2019, pour créer une unité de production de serviettes hygiéniques réutilisables, et ce, suite à un stage de fin de cycle. Pour ces sœurs qui détiennent un master de recherche en développement agricole dans les pays dits du sud, ce stage, effectué dans une zone rurale du Mali, a été un déclic.
« Le contact direct avec les femmes maraîchères et cotoncultrices nous a permis de constater les pertes d’opportunités du fait de la précarité menstruelle à laquelle elles sont confrontées », indiquent Adam et Awa dans un entretien accordé à la dpa. « Faute de moyens, elles sont contraintes d’utiliser des protections de fortune qui les laissent exposées à des phénomènes d’infections urogénitales, outre le fait qu’elles éprouvent un sentiment de peur et de perte de dignité », ajoutent-elles. Il fallait par conséquent, selon elles, apporter une solution « durable », « accessible » et « disponible » à ces femmes.
Employant 13 personnes dont douze jeunes femmes, les promotrices de Sutura produisent 630 serviettes hygiéniques par jour, soit un peu plus de 13 000 par mois. Ces serviettes sont certifiées par le Laboratoire national de la santé (LNS). Outre la commercialisation de leurs produits sur le marché local, les jeunes femmes mènent régulièrement des campagnes de sensibilisation sur l’hygiène menstruelle, dans les écoles, les marchés, les centres de santés communautaires, et les centres de détention.
« Depuis 2019, nos objectifs ne sont pas totalement atteints du fait de tous les tabous qui existent autour des règles. Les femmes ont toujours du mal à en parler, mais la réalité s’améliore. Nous sommes constamment invitées sur des plateaux de télévision pour en parler », indiquent les sœurs. Aujourd’hui, elles ambitionnent d’augmenter leur production afin de rendre les protections périodiques écoresponsables à la portée de toutes les femmes.
dpa