Récépissé N° 0010/HAAC/12-2020/pl/P

Pernicieuse révélation de Christiane Gbodui ou un parcours initiatique en matière de relation amoureuse

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La famille demeure la première organisation à laquelle l’enfant adhère. En tant que telle, la famille offre un environnement où les enfants font l’expérience du développement de leurs compétences fondamentales comme la relation avec les parents, le langage, les relations avec les autres. La famille est une institution qui donne aux enfants la sécurité, l’encouragement, le soutien, le sens de l’identité et de l’appartenance et des occasions de vivre le succès et l’échec dans un environnement éducationnel, instrument du développement d’un être épanoui.

Gisela, l’héroïne du roman « Pernicieuse révélation » de la jeune Togolaise Christiane Gbodui n’a pas eu cette chance parce qu’elle est orpheline de père et de mère. Son éducation sentimentale intervient dans cette atmosphère où elle n’avait que sa tante Tanty D… comme seule tutrice et soutien éphémère. Dans le domaine des relations amoureuses, elle a connu trois différentes étapes.

1. Une relation amoureuse via internet et ses conséquences

Gisela et Maxime se sont rencontrés grâce aux réseaux sociaux. Gisela habitait à Lomé au Togo et Maxime vivait à Paris en France. Gisela tombe amoureux de Maxime sur la toile et attend une certaine concrétisation de cette relation le jour de leur rencontre physique : « Cette rencontre avec Maxime la rendait nerveuse puisque depuis bientôt deux ans, c’est la première fois qu’ils se rencontraient. Une relation amoureuse via internet n’avait souvent pas de garantie. Tout pouvait arriver, l’impensable à plus forte raison. Gisela s’y attendait. Et dubitative, elle l’était ; d’autant plus que ces moments de relations virtuelles s’étaient plutôt soldés par des discussions romantiques. » (pp 12 – 13).

Cet amour à distance de façon virtuelle se présentait quand même sous de meilleurs auspices : « Malgré cela, les deux inconnus semblaient bien se comprendre et même se compléter. Au-delà de ses craintes, Gisela croyait en Maxime. Elle se convainquait d’un certain sentiment partagé, mais se refusait de l’hyperboliser et remettait l’issue de leur rencontre entre les mains du destin. » (p. 13 ). D’une manière générale, qu’on soit fille ou garçon cette remarque de Makan Massa DIABATE nous va parfaitement comme un gant : « L’amoureux sur le chemin qui conduit à la case de la femme aimée n’entend pas le grondement du tonnerre. Plus qu’un avertissement, il croit que le fracas du ciel est un appel : le rire de la femme aimée. Raisonner un homme amoureux est aussi vain qu’essayer d’atteindre le soleil au moyen d’un lance-pierres ».

De retour de Paris pour ses vacances au pays, Maxime séjournait à l’hôtel Beau rivage à Lomé et piaffait d’impatience de découvrir en vrai sa nouvelle conquête. Un mauvais présage s’est quand même glissé dans la machine tel un grain de sable durant leur rencontre : « La porte, demi entrebâillée, laissa apparaitre un visage féminin qui la dévisagea du pied à la tête avec une telle hostilité qu’elle se sentit misérable, prête à décamper. Alors que Gisela se demandait si elle ne s’était pas trompée de chambre et s’apprêtait à tourner les talons, une autre voix se fit entendre du fond de la chambre, et la rassura. -Ah ! c’est toi Gisela ? Entre… entre … sans façon ! se hâta de reprendre la voix chaleureuse qu’elle reconnut facilement. » (p.14).

Cette intruse qui se trouvait dans la chambre de Maxime avant son arrivée n’était personne d’autre qu’une rivale pour de vrai. Et pourtant Gisela demanda : « -La jeune femme, c’est ta sœur ? -Qui ? Léati, non…non… c’est une amie ! Enfin…une amie ou quelque chose comme ça ! On en reparlera, ma chérie. » (p. 14). A partir de cette première rencontre durant laquelle les deux amoureux étaient allés jusqu’au bout de leur intimité, Gisèle a continué par fréquenter assidument la chambre d’’hôtel où logeait son prince charmant et naturellement Tante D… s’en inquiétait : « Ces sentiments sont souvent ardent ; ils brûlent… ils brûlent et ne sont bénéfiques que lorsqu’ils sont réciproques. Lui t’aime-t-il autant ? » (p.19)

« Deux semaines étaient passées depuis cette soirée décevante. Gisela ne rompit pas les liens, espérant que les choses allaient s’arranger avec le temps. Les deux jeunes se rencontraient presque tous les jours, faisant l’amour et se séparaient. Elle s’en contentait, ne prêtant plus aucune attention aux incessants ‘je t’aime’ que le bonhomme lui débitait froidement à l’occasion. Les eux corps se comprenaient et se complétaient dans de sauvages ébats à n’en plus finir, mais leurs esprits semblaient ailleurs, étrangers de cet exploit que l’un et l’autre cherchaient à gagner. C’est ainsi que Gisela gardait espoir jusqu’au jour où l’inévitable se produisit » (pp. 18-19).

L’inévitable, les inévitables, c’étaient la survenue d’une grossesse et la trahison de Maxime : « Elle arriva à l’hôtel avec une humeur de chien battu, espérant trouver un peu de réconfort dans le bras de son amant. Gisela s’était au moins fait à l’idée que Maxime était désormais son amant et non son amoureux. Arrivée au n°12 habituel, un doute l’envahit. Elle remarqua que la porte était ouverte. Elle rentra et se dirigea vers la chambre à coucher où Maxime et Léati, enlacés dans les bras l’un de l’autre sur le lit, haletaient allègrement de désir et de bien-être » (p. 20).

Naturellement la pauvre amoureuse sentit une très forte douleur dans la poitrine : « La scène était si évidente et choquante que Gisela perdit la voix, restant bouche bée au milieu de la chambre comme ankylosée. Tous les trois se dévisagèrent. Gisela eut la sensation de défaillir (…) Revenue de son étourdissement, elle tint fortement sa poitrine. J’ai mal… j’ai mal.. laissa-t-elle échapper, subreptice » (p. 20).

Malgré tout, l’objet de la visite de Gisela était d’annoncer à Maxime son état de grossesse : « Je suis enceinte ! J’ai toujours su que tu me trompais ! Cela ne me surprend pas de te voir en si heureuse compagnie avec elle. Je t’aime vraiment et je suis venue t’annoncer que j’attends un enfant de toi (…) Max, on a fait cet enfant à deux et tu es censé assumer tes responsabilités ! (…) Max, je te rappelle qu’on est au XXIè siècle ; je n’ai plus les règles, en plus j’ai fait un test de grossesse » (pp 20-22).

La réponse du berger à la bergère ne s’était plus fait attendre : « Quoi ! Gisela tu ne peux pas me faire une telle chose. Je ne suis pas prêt pour assumer ce genre de responsabilité (…) Tu n’es pas une petite fille (…) ; je pensais que tu prenais des précautions… et qu’est ce qui me prouve que cet enfant est le mien ? (…) Tu dois avorter ! Pourquoi ? Entends-moi bien, parce que je suis un homme marié et je ne veux pas que cette histoire détruise mon couple. (…) Sérieusement, Gisela, à quoi t’attendais-tu ? Que je t’épouse, que je t’amène en France ? Tu ne peux pas garder cet enfant (…) Ok, rentre chez toi et laisse-moi le temps de digérer cette histoire… je te ferai signe » (pp 20-22).

La suite c’est finalement une lettre manuscrite et une enveloppe de Maxime à l’endroit de Gisela : « Ma tendre GISELA, je suis reparti en France. C’est exprès que je ne t’ai pas avertie. Je suis désolé pour tout ce qui s’est passé entre nous et pour tout le mal que je t’ai causé. J’espère que cet argent suffira pour régler cette affaire. J’ai été ravi de t’avoir connue. J’espère que tu seras heureuse et que tu trouveras enfin le bonheur tant cherché… avec toute ma tendresse…. Max. » (p. 23) Ce coup de massue dont Gisela a été victime lui avait fait perdre le fœtus et son seul soutien reste et demeure Tanty D…

Tout compte fait, le séducteur était resté fidèle aux règles du jeu comme le précise François MAURIAC : « Il est entendu, une fois pour toutes que les hommes ont le droit de chasse. Au gibier féminin de se garder. Hélas ! il arrive tous les jours que la bête aux abois soudain fasse front, devienne féroce, ou bien se rue sournoisement contre le chasseur désarmé et endormi ».

2. Tout le monde a droit à une seconde chance

La convalescence liée à la toute première expérience amoureuse qui est en même temps sa première déception sentimentale a fait casser un ressort dans le dispositif physique et mental de Gisela au point où « Gisela savait au fond d’elle-même que les choses ne redeviendront plus comme avant ; que quelque chose s’était brisé en elle et que la jeune Gisela était morte à jamais » (p. 25). Mais à son âge, il est assez difficile, presque impossible de demeurer tout à fait insensible aux pièges de l’amour. L’amour, elle l’avait connu avec ses éclats, son intensité et ses drames, sa puissance dévastatrice, ses illusions et ses tromperies.

Après plusieurs conseils, mises en garde, recommandations, précautions, ultimatum, boucliers, carapaces, gilets par balles, digues en matière de relations amoureuses, Gisela a fini par céder encore une fois à l’amour, elle qui croyait son cœur à l’abri des surprises, un peu comme pour être fidèle à la pensée d’André MAUROIS : « Nous aimons les êtres parce qu’ils secrètent une mystérieuse essence, celle qui manque dans notre formule pour faire de nous un composé chimique stable. » Joddy « n’a jamais vu une femme aussi douce, belle adorable à la fois. Il lut dans ce noble regard qui le dardait une certaine profondeur et une curiosité qui le fascinaient. Cette femme avait décidément tout pour lui ravir son cœur. Gisela, mal à l’aise, se détourna, car cela faisait un bon moment qu’elle n’a plus ressenti une telle langueur. Un seul regard échangé et voilà le passé s’écroule… Jusque-là, elle avait érigé un mur autour d’elle, conséquence de la colère qu’elle ressentait à l’endroit de Max et donc… contre tous les hommes » (pp 30-31).

« Un homme amoureux est un réactif d’une extrême sensibilité pour les sentiments de la femme qu’il aime. » Les choses se sont tellement précipitées et cette nouvelle relation amoureuse naissante a été rapidement concrétisée par un mariage et par ricochet par un rapprochement de conjoint et de conjointe : « Déjà deux semaines que Gisela était arrivée dans l’Hexagone. Après des au revoir douloureux entre elle et sa tante, Gisela avait quitté le pays une boule dans l’estomac mais avec ce fort sentiment de la retrouver sous peu. A présent, elle est madame Santou… l’épouse attitrée de Joddy » (p. 36).

La réalité que traverse Gisela nous rappelle cette approche que Sony Labou Tansi a de l’amour : « L’amour demeure ce qui traverse la chair à des vitesses que le sang ne comprend pas. Oui que derrière l’amour rugit l’ombre de Dieu, dans toute sa grandeur ». Engagée dans une relation conjugale des plus normales, des mois passèrent. Plus tard, de lourds, épais et obscurs nuages s’amoncellent au-dessus de leur mariage : « Ces derniers jours un doute la traversa à propos du comportement de son époux qui donnait l’impression de lui dissimuler quelque chose. Une chose qui aille moins bien que d’ordinaire de toute façon. Joddy qui ne passait aucune journée sans lui faire l’amour, l’approchait à peine, et s’appliquait à écourter toute discussion entamée. Son mari avait-il un problème … d’emploi ou d’argent ? Il ne lui offrait plus la moindre occasion de communiquer ! La flamme d’un amour aussi intense pouvait-il s’éteindre aussi tôt ? » (p. 36)

Le pot aux roses a été découvert à travers un coup de fil de l’Inspecteur Samuel Fournier de la brigade des stupéfiants du poste de police de Bobigny. Convoquée de toute urgence, elle entendra de la bouche même de l’Inspecteur la face cachée de la double vie de dealer de Joddy Santou, son mari : « Lors d’une descente ce soir en vue de démanteler un réseau de trafiquants de drogue, des échanges de tirs ont eu lieu à la suite desquels le sieur Santou fut abattu (…) Votre mari se trouvait être l’une des pièces maitresses d’un réseau de trafiquants de drogue les plus recherchés par nos services. Il était déjà ciblé depuis un certain temps. Il ne nous restait juste que quelques preuves complémentaires. Cette fois-ci, c’est fait et nous lui avons mis la main dessus. Je suis désolé…, madame » (p. 36).

Le ciel semble tomber sur la tête de la pauvre Gisela : « Elle était incapable de verser des larmes, mais, au fond d’elle, la douleur était insoutenable. Pourquoi, dit-elle, devrais-je perdre les personnes qui me sont très chères ? Ah ! La vie est vraiment injuste : premièrement ses parents, ensuite son enfant et maintenant Joddy. » (p. 40) Quand il décidera enfin à rentrer au bercail, ce sombre tableau sera complété par le décès de son unique parent qui lui restait encore, Tanty D… Cet état de valeur absolue d’orpheline est si bien exprimé par François MAURIAC : « Nos mères nous portent jusqu’à leur mort, et, quand elles nous ont quittés, à quelque âge que nous soyons, nous avons la sensation atroce de marcher seuls pour la première fois. » L’être humain n’existe pas sans la famille, il n’existe pas de monde possible sans la famille, sans la communauté solidaire, sans la chaîne des générations.

A cette étape de l’initiation de Gisela on ne peut s’empêcher de penser à l’héroïne Justine de Donatien-Alphonse-François de SADE dans Justine ou les Malheurs de la vertu : « C’est dans cette route fatale, et faite, quoique innocente, comme la dernière des criminelles, que les réflexions les plus amères et les plus douloureuses vinrent achever de déchirer mon cœur ! Sous quel astre fatal faut-il que je sois née, me disais-je, pour qu’il me soit impossible de concevoir un seul sentiment honnête qui ne me plonge aussitôt dans un océan d’infortunes ! Et comment se peut-il que cette Providence éclairée dont je me plais d’adorer la justice, en me punissant de mes vertus, m’offre en même temps, au pinacle ceux qui m’écrasaient de leurs crimes ! »

3. Jamais deux sans trois
De retour au pays, Gisela à cause de la douleur a mené durant quelques temps une vie de recluse dans la maison de son enfance à Lomé : « Je vis toujours dans la maison de Tanty D… J’y ai beaucoup de souvenirs, chaque objet, chaque coin, me rappelle de beaux moments (…) Tanty D… (…) me manque beaucoup. Je m’imagine trop de choses, je sais ; mais j’espère un miracle. Joddy aussi me manque beaucoup. J’aimerais sortir faire un tour avec une personne que j’apprécie beaucoup, mais n’empêche que ceux que j’apprécie et avec qui j’ai envie d’être sont tous partis pour un voyage sans retour » (pp 51-52).

Nantie d’un diplôme de Master 1 qui a sanctionné ses études de comptabilité en France, Gisela s’est mise à la recherche du travail pour donner une nouvelle orientation à sa vie depuis son retour : « Quelques semaines après, la société GASI (Groupe Asking International) lui fit appel pour un poste d’expert-comptable. » (p.53) Il s’agit d’un groupe à la fois industriel, commercial et financier installé sur tout le continent et ayant des bureaux à Londres, Paris, Anvers et aussi en Suisse. Gisele voulut refléter la hauteur de son poste en se mettant sur son trente et un : « L’effet fut au rendez-vous. Gisela fut superbe.

Une haie d’honneur de curieux se constitua discrètement à distance, les uns au balcon, les autres aux persiennes pour examiner la nouvelle Miss de la maison traverser l’allée verdoyante menant au péristyle. Elle apparut ensuite au hall d’accueil où un silence assourdissant se fit. Seule la réceptionniste eut l’audacieuse souplesse de dire : ‘Bonjour madame, vous êtes très belle !’ » (p. 56).

« Encore célibataire… disons divorcé non remarié » (p. 57), le quadragénaire Romuald Asking, le PDG du Holding est tombé amoureux de Gisela et cette dernière n’est pas aussi indifférente au charme de son Chef. « La dernière fois que Romuald et Gisela s’étaient rencontrés en dehors du service, c’était au supermarché. L’un et l’autre faisaient des courses rapides à la descente. Ils s’étaient salués brièvement d’un signe de tête. Les deux trouvaient effectivement étrange ce hasard persistant qui leur offre des espaces d’intimité si exquis » (p. 60).

Ensuite, les deux se sont fortuitement rencontrés à la place privée Robinson un dimanche après-midi et se sont confiés l’un à l’autre et une tendre complicité s’en était suivie. Un diner en tête à tête en milieu de semaine et ensuite une invitation à la maison le weekend chez « le puissant homme d’affaires si froid et indifférent d’ordinaire qui prend la peine de se lâcher » (p. 60).

Ainsi, un souvenir, une anecdote, un clin d’œil, une lecture, des regards, une rencontre, la trace d’une existence, une connivence née d’une proximité d’une passion généreuse pour l’entreprise, d’un mutuel respect, de l’enthousiasme et de la sagesse ont fini par cimenter en quelque sorte cette nouvelle relation.

« Mais quand Romuald avait aperçu ce matin Gisela pénétrer dans le hall d’entrée, belle, élégante, sûre d’elle et conquérante, il ne résista point. Son cœur bondit. Il aimait énormément son sourire, surtout sa manière de plisser les yeux quand elle est contrariée. Tout en elle l’aimantait depuis leur tout premier contact. Mais jamais aucune femme n’avait produit sur lui une aussi vive impression. Il avait exprès multiplié ses voyages à l’étranger, histoire de jauger la portée de ce sentiment qui l’accaparait et de se ressaisir. En vain ! » (p. 75)

Le lieu de travail était devenu un terreau fertile pour l’épanouissement de la relation amoureuse : « Les semaines qui suivirent furent exceptionnelles pour les deux tourtereaux. Au travail, tous les deux faisaient l’effort de bien se tenir en public, mais se débridaient chaque fois qu’ils se retrouvaient dans leurs bureaux respectifs. Gisela avait enfin trouvé l’amour. Ils devinrent inséparables ; mais gardèrent néanmoins leur relation absolument discrète » (p. 77).

Une complicité indéniable s’est installée entre les deux collaborateurs. Romuald quarante-deux ans et Gisela vingt-huit ans s’aiment éperdument d’un amour puéril : « Aucun d’eux n’avait encore dit à l’autre qu’il l’aimait ; chacun estimait la chose superflue parce que leur amour s’exprimait déjà béatement à chacun de leurs échanges, de leurs contacts, de leurs ébats » (p. 78).

Cet amour a finalement été mis à rude épreuve à travers d’une part des épreuves relatives à des tentatives de retour de l’ancienne épouse de Romuald, Olga, mère de l’unique enfant du couple, Michael et d’autre part le retour du tout premier amour déçu de Gisela en la personne de Maxime : « Se marier avec l’un des hommes les plus riches du pays était ce dont toute femme pouvait rêver » (p.103).

Et Olga, et Maxime ont été l’expression parfaite de la jalousie selon la formule même de Léon TOLSTOI « Et la jalousie, ce cancer dévorant, déchiquetait mon cœur. » Tout finit par rentrer dans l’ordre après des péripéties et des rebondissements un peu comme pour donner raison à Edem KODJO qui nous avertit :« Dans le puits de l’amour, l’eau jamais ne tarit ».

L’itinéraire amoureux de Gisela est un peu à l’image de L’Education sentimentale de Gustave FLAUBERT. Entre 1843 et 1845, FLAUBERT avait écrit sous ce titre l’histoire de deux amis, Henry et Jules, depuis les rêves de leur adolescence jusqu’au choix de leur maturité. On reconnait aisément l’écrivain sous les traits de Jules qui, après une déception amoureuse, se réfugie dans l’art comme dans une religion. Ce roman était la transposition d’une expérience douloureuse qui l’a marqué pour la vie : la rencontre à quinze ans, à Trouville, de Madame Elisa Schlésinger. Le souvenir de cette dernière a traversé le récit de bout en bout. Il s’agit d’un roman d’amour, de passion ; mais de passion telle qu’elle peut exister dans la vie de tous les jours.

Le roman Pernicieuse révélation, la toute première publication de Christiane GBODUI répond aux préoccupations de Henri COULET qui pense que le récit doit être « une suite d’événements enchaînés dans le temps depuis le début jusqu’à la fin. Sans perdre de vue la vraisemblance, le romancier doit songer à l’unité du tout, aux causes et effets, (…) A la corrélation des divers fils de l’intrigue, au mouvement qui aboutit à une conclusion ».

Quant à la forme, il s’agit d’une écriture purement littéraire, sobre, claire et efficace, un mélange de réalisme et d’émotion qui reste fidèle à la ligne de conduite de la jeune romancière qui est également artiste plasticienne : « L’écriture a toujours été ma grande passion et mon défouloir. Depuis toute petite, j’y trouvais mon refuge et j’avais grâce à elle le pouvoir d’inventer et de réinventer mon monde. Je tenais un journal où je transcrivais mon quotidien, mes vécus bons que mauvais. Un auteur est un artiste qui peint avec des mots, des réalités ou ses propres rêves. Il a cette liberté d’inventer et de défaire. Quoi de plus jouissif et de plus épanouissant que l’avoir le don et l’art de la création. »

Adama Ayikoue, gestionnaire du Patrimoine culturel, ingénieur culturel et critique.

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Le Nouveau Reporter
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