Récépissé N° 0010/HAAC/12-2020/pl/P

Couvre-feu : « je l’ai vécue de façon très amère », la triste mésaventure d’un journaliste togolais

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« Ils m’ont ordonné de me coucher par terre. Je recevais déjà des coups par-ci par-là ». C’est l’histoire d’un journaliste du quotidien « Forum de la semaine » qui a connu une triste mésaventure dans la nuit du 15 avril passé. La bavure militaire s’enracine en cette période de couvre-feu décrété par l’Etat pour limiter la propagation de la pandémie liée au covid-19. Des corps habillés n’ont pas loupé Michel Akouété. 04 agents  des forces de l’ordre lui auraient suffisamment roué de coups alors qu’il était sorti ‘’uriner’’. Il sonnait 21 heures lorsqu’elles ont retrouvé Michel devant sa maison. Alors même qu’il tentait de s’expliquer, des coups de cordelettes retentissaient déjà sur ces cuisses et jambes. Heureusement pour lui, ses testicules n’ont pas été éclatés comme ce fut le cas du jeune battu à mort dans les environs d’Agoe – Limousine. Même si la cuisse gauche de Michel Akouété est totalement méconnaissable, il a encore ses mains et son souffle pour raconter cette expérience désagréable qu’il a vécue. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?

« Il sonnait presque 21h quand je suis sorti pour uriner. J’ai vu que notre portail n’était pas encore fermé. Je voulais donc le faire avant d’aller dormir. Mais comme il faisait chaud, je suis sorti et resté collé au mur du portail, histoire de prendre quelques minutes d’air », raconte Michel à Télégrame 228.

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Quatre contre un

Tout comme Michel, une jeune fille sortit de la maison d’en face pour uriner elle aussi. Contrairement au journaliste, « à peine baissée pour se satisfaire, deux éléments de la patrouille sur une moto s’arrêtèrent devant elle avec les cordelettes à la main pour la passer à tabac. La fille cria et leur expliqua qu’elle venait juste de sortir pour uriner ». Malheureusement, Michel n’aura pas le temps de rentrer.

 « Le temps pour moi de faire un pas en arrière pour rentrer chez moi, deux autres sur une autre moto arrivèrent et interpellèrent. Ils se sont approchés tous de moi. Et un parmi les 04 éléments me prit par la main et m’a déplacé de notre portail », explique-t-il avant d’ajouter : « Ils m’ont ordonné de me coucher par terre. Je leur demandai ce que j’ai fait de mal. Pendant ce petit temps de discussion, je recevais déjà des coups par-ci, par-là ».

« Je me suis senti en danger »

Pour se sauver, Michel n’avait qu’une seule option. C’était « de faire juste un pas pour rentrer ». Mais il sera très rapidement rattrapé par un des 04 éléments qui va vite faire de bloquer sa porte et le pousser de force vers les 03 autres agents. Un nouvel épisode de bastonnade s’ouvre. Et comme il fallait terminer ce qu’ils ont commencé, les éléments de l’armée se sont une fois encore bien occupé de la jambe du journaliste. « Je me suis senti en danger », affirme-t-il.

En ce moment précis, Michel n’avait que quelques mots à la bouche. « Qu’est-ce que j’ai fait ? Je suis juste à la devanture pour prendre un peu d’air. Pourquoi vous me frapper ? », hurlait-il.

Mais comme dans les films, notre héros va finir par se sauver la vie. « Ce qui m’a permis de me débarrasser finalement d’eux, raconte-t-il, est qu’un gars était sorti de la maison d’en face, la même maison où était sortie la fille qui a failli se faire tabasser. Le gars en question voulait voir ce qui se passait à la devanture. L’agent qui m’a bloqué à l’entrée a couru vers lui pour l’arrêter. C’était la seule occasion que j’avais pour me sauver. Ce que j’ai réussi d’un geste brusque et j’ai pu rentrer chez moi ».

Enfin, Michel retient la leçon

Certaines situations changent complètement notre façon de voir les choses. Michel Akoueté faisait partie de ceux-là même qui défendaient les éléments de l’armée. « Il était impossible qu’un des éléments de la force spéciale contre le covid-19 commence par tabasser les honnêtes citoyens sans rien leur demander à l’avance », soutenait-il. Désormais, le journaliste du quotidien « Forum de la semaine » ne voit plus les choses de la même manière. « Je viens d’avoir la réalité en face. Et je l’ai vécue de façon amère, très amère je vous dis ».

Le Nouveau Reporter
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