Récépissé N° 0010/HAAC/12-2020/pl/P

Covid-19 : l’allègement de la dette africaine, oui mais pas que

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Face à la pandémie du coronavirus, beaucoup de voix se sont levées pour proposer l’annulation ou l’allègement de la dette des pays africains, seul moyen de permettre à ces nations de rester à flot et de résister aux répercussions socioéconomiques de la crise. Le ministre béninois de l’Economie et des Finances, Romuald Wadagni s’aligne derrière cette proposition sans toutefois en faire son cheval de bataille.

Dans les colonnes de jeuneafrique, M. Wadagni a salué « la forte et rapide mobilisation internationale. Les récentes mesures en faveur des pays pauvres et l’accord du 15 avril 2020 au sein du G20, l’illustrent bien ». Toutefois, s’insatisfait-il, « les politiques et instruments mis en œuvre pour soutenir les économies des pays développés sont orientés vers la mobilisation et la mise à disposition immédiate de nouveaux financements visant à contenir les impacts économiques de la crise, tandis que les mesures adoptées pour l’Afrique se résument principalement soit à des annulations de dette, soit à des moratoires sur le service de la dette publique bilatérale ».

Plus d’inconvénients que d’avantages

« Ces solutions, malgré la marge budgétaire immédiate qu’elles offrent, ne répondent pas aux enjeux cités plus haut et présentent d’importants inconvénients à court et moyen termes. En effet, les dépenses des Etats sont appelées à croître rapidement pour contrer la propagation de la pandémie alors même qu’il faut continuer à faire face aux défis du développement. À ce constat, s’ajoute la chute importante des recettes qui vient réduire davantage les marges budgétaires. L’allègement de la dette ou un moratoire constitue dans ce contexte, un appel à l’indulgence des créanciers et n’apporte pas de solutions structurelles aux difficultés des Etats ».

Une image à sauver

Par ailleurs, « un allègement de la dette ou un moratoire pour le paiement des échéances ternira davantage l’image des Etats et compromettra leur accès aux financements futurs. Nos pays subiront un effet induit sur la perception de leur qualité de crédit ; ce qui les exposerait à des sanctions ultérieures inévitables de la part du marché. Un moratoire pourrait même être considéré dans certaines documentations de prêt comme un événement de défaut par les créanciers privés, qu’il soit voulu ou subi et quand bien même il ne concernerait que les créanciers publics bilatéraux ».

Autres pistes exploitables

« Aider à la mobilisation urgente de liquidité nouvelle en lieu et place des annulations ou moratoires de dette. Cette solution n’est pas nouvelle et fut mise en œuvre avec succès lors de la précédente crise financière mondiale de 2008 où 250 milliards de dollars furent débloqués rapidement ». Deuxièmement, « relancer les économies africaines via des financements concessionnels. Les institutions multilatérales et les banques de développement devraient mettre à profit leur qualité de crédit pour mobiliser individuellement des ressources concessionnelles ou semi- concessionnelles pour le financement des économies africaines, à un moment où leur accès aux financements à taux presque nul est intact, contrairement aux pays africains ».

Le Nouveau Reporter
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